Journée mondiale des animaux

par | 1 Oct 2021 | Bien-être animal, Éthique & Environnement | 0 commentaires

11 min de lecture

Cristelle de GoodSesame
Cristelle de GoodSesame
Content Designer et responsable éditoriale chez GoodSesame

Le 4 octobre a lieu la Journée mondiale des animaux : une occasion en or pour bichonner nos compagnons domestiques. Pourtant, cet événement est une célébration de l’animal au sens large : chats, chiens, mais aussi poissons, insectes et autres reptiles moins amicaux.

D’un strict point de vue biologique, l’être humain est un animal ; ne serait-ce pas le moment idéal pour repenser la place de l’humain au sein de la nature ? Et par conséquent, de réfléchir au statut qu’on attribue aux animaux non-humains ? Profitons-en également pour essayer de comprendre d’où nous vient cette conception selon laquelle il est naturel d’exploiter les animaux.

[Article mis à jour le 28/09/2023]

Qu’est-ce que la journée mondiale des animaux ?

La journée mondiale des animaux est initialement proposée en 1929 au cours du Congrès international pour la protection des animaux à Vienne. Mais ce n’est qu’en 1931, lors d’un congrès sur le thème de l’écologie à Florence, que cette Journée mondiale est officiellement instaurée. Aujourd’hui, l’ONU s’appuie sur cette journée afin de sensibiliser le grand public aux traitements les plus injustes qui sont réservés aux animaux dans le monde.

Mais… pourquoi le 4 octobre précisément ?

Tableau de Saint François d’Assise prêchant aux animaux

Saint François d’Assise prêchant aux animaux

C’est une référence à Saint François d’Assise qui est considéré comme le tout premier défenseur de la cause animale. En effet, le 4 octobre est également la St François ! Ce  religieux catholique italien, diacre et fondateur de l’ordre des Frères mineurs, a manifesté toute sa vie un grand respect pour les animaux. Selon St François d’Assise, puisque les animaux sont des créations de Dieu, ils ne devraient en aucun cas échapper à notre amour et notre considération.

« Le monde animal, comme toute la création, est une manifestation de la puissance de Dieu, de sa sagesse et de sa bonté, et comme tel, mérite le respect de l’homme. »
Saint François d’Assise

Quel est le moteur conceptuel de la cause animale ?

La conception antispéciste

L’antispécisme est un courant de pensée en philosophie morale et éthique qui émerge dans les années 1970, notamment par le biais des penseurs Richard D. Ryder et Peter Singer. Il s’oppose au spécisme, vision assumant une hiérarchie morale du vivant, avec l’humain au sommet de la pyramide. La position antispéciste considère au contraire que l’espèce à laquelle un animal appartient n’est pas un critère pertinent pour décider de la considération morale qui doit lui être accordée.

Vers la fin de l’exploitation animale

A la manière de la lutte contre le racisme ou le sexisme, la lutte contre le spécisme dénonce les privilèges que s’octroient les êtres humains sur le seul principe de l’appartenance à une espèce dominante. En effet, seul l’individu compte, peu importe l’espèce à laquelle il appartient. La toute première conséquence de ce socle idéologique est alors de mettre un terme à l’exploitation des animaux non-humains.

« Je soutiens qu’il ne peut y avoir aucune raison — hormis le désir égoïste de préserver les privilèges du groupe exploiteur — de refuser d’étendre le principe fondamental d’égalité de considération des intérêts aux membres des autres espèces. »
Peter Singer, La Libération animale.

Photo d'une vache

Crédit photo : Alex Azabache depuis Unsplash

C’est à partir de ce point de bascule qu’émerge le concept du droit des animaux : droit à être considérés comme des êtres ayant leur volonté propre. Pourtant, et malgré chaque Journée mondiale des animaux, l’industrie continue de violemment gaver des oies et de maintenir des truies immobiles pendant de longs mois afin qu’elles n’écrasent pas leurs petits. Même s’il existe des mode d’élevage plus ou moins vertueux (Label Nature et Progrès, Label Rouge)… comment en sommes-nous arrivés là ?

Pourquoi maltraitons-nous les animaux ?

Nos environnements bétonnés nous ont progressivement éloignés des animaux. Comme le dit le dicton : loin des yeux, loin du cœur, n’est-ce pas ? Pourtant, les dérèglements environnementaux auxquels nous assistons sont en partie la conséquence d’un cloisonnement à la fois moral mais aussi spatial de l’être humain. Ainsi séparés du reste du vivant, nous oublions à quel point les animaux nous sont précieux.

Mais au fait, d’où nous vient cette certitude que l’être humain est un animal à part ?

La place de l’animal dans l’Antiquité

Les penseurs de l’Antiquité conçoivent le monde comme un tout ordonné par Dieu : c’est ce qu’ils appellent le Cosmos (le monde). L’école philosophique des Stoïciens n’échappe pas à cette conception du monde ; pour Épictète, toute création divine a sa place et son rôle précis dans la nature. Ce qui en découle, c’est une vision de l’animal strictement limitée à son utilité pour l’être humain.

Dieu, qui est l’auteur de chaque animal, fait l’un pour être mangé, l’autre pour servir au labourage, l’autre pour fournir du fromage, un autre pour tel autre usage analogue, et pour tout cela, quel besoin ont-ils de pouvoir comprendre et juger les idées des sens ?
Épictète, Entretiens l, 6.

La Renaissance et l’héritage de “l’animal-machine”

Plus tard, Descartes inscrit définitivement la supériorité de l’être humain en conceptualisant ce qui le différencie de l’animal : la pensée. Par opposition, l’animal n’est qu’un assemblage de membres (des pièces et des rouages), sans conscience ni pensée. Cette vision mécaniste du monde s’inscrit dans une tentative de description de ce dernier par la science, plutôt que par le mythe et la croyance.

Photo de pingouins

Crédit photo : Harry Cunningham depuis Unsplash

Dans le Discours de la méthode en 1637, Descartes nous invite à “nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature”. C’est avant tout pour lui un appel à démystifier la Nature grâce à la science et la raison, afin de nous permettre de comprendre le monde réel. Mais cette idée s’est ancrée dans les esprits, au fil des siècles, comme la volonté d’asservissement de la nature aux besoins de l’Homme, tout-puissant.

De l’animal-machine à la ferme des mille vaches, il n’y avait qu’un pas idéologique à franchir.

Ère post-industrielle et réévaluation de la place de l’homme dans les écosystèmes

De la première révolution industrielle jusqu’à présent, l’organisation de l’économie de nos sociétés modernes est régie par 3 dogmes :

  • La sacralisation de la croissance comme moteur de l’économie ;
  • Le mythe de la croissance infinie ;
  • Le sacrifice du vivant (animal et végétal) au nom de la croissance.

Yannick Roudaut, conférence TEDxNantes, Janvier 2013

Seulement voilà : force est de constater que cette exploitation sans entrave de la Nature se heurte aux lois de la physique. Dès les années 1960, des scientifiques sonnent l’alerte sur les conséquences désastreuses d’une économie fondée sur l’extractivisme, d’une part, et sur des modes de production alimentaires industriels d’autre part.

Avec le dérèglement des écosystèmes, c’est le devenir même de l’être humain qui est menacé. L’humanité reprend alors conscience qu’elle est une part d’un tout qui la dépasse. Par le biais de la lutte contre le dérèglement climatique, l’humanité se reconnecte au vivant, et renforce le lien qui l’unit aux autres animaux.

Des animaux et des Hommes : une journée mondiale pour rappeler cette nécessaire cohabitation

La préservation de notre environnement intégrant celle des espèce animales sauvages, elle passe aussi par la préservation de leur habitat. En cette journée mondiale des animaux, il est bon de se questionner sur notre organisation des territoires : pourquoi consommer de l’huile de palme lorsqu’on sait que sa culture contribue à l’extinction du tigre de Sumatra ? Est-il judicieux de continuer à financer les gigantesques exploitations agricoles lorsque la monoculture, nécessairement aidée par les pesticides, participe à la destruction des sols et du merveilleux écosystème qui y vit ?

Photo d'un ours polaire

Crédit photo : Hans-Jurgen Mager depuis Unsplash

La permaculture a ceci d’intéressant qu’elle repose sur la collaboration vertueuse entre tous les êtres vivants, végétaux et animaux. En effet, les insectes, les petits mammifères ou encore les vers sont absolument indispensables au maintien de la biodiversité au jardin.

Et en ce qui concerne nos compagnons domestiques : ils sont, encore et toujours, victimes de maltraitances. Adopter un animal ne devrait pas être un acte impulsif : on n’achète pas une créature vivante comme on s’offre une belle paire de chaussures. C’est triste de devoir le répéter, mais de trop nombreux chiens et chats finissent abandonnés sur une aire d’autoroute l’été venu. La SPA a d’ailleurs annoncé un nombre record d’abandons cet été : 16 894 entre début mai et fin août 2021.

Les droits des animaux ont-ils évolué ?

Nous pouvons tout de même remarquer qu’une prise de conscience générale s’est installée ces dernières années concernant le bien être animal. En effet, le gouvernement français a mis en place ces dernières années des lois visant à protéger les animaux sauvages en captivité. En 2020 par exemple, 4 mesures ont été instaurées par le gouvernement pour lutter contre la maltraitance animale :

  • Fin progressive à la présence de faune sauvage dans les cirques itinérants. Le but fixé est de ne plus retrouver d’espèces sauvages dans ce type d’établissement.
  • La fin de l’élevage des visons pour leur fourrure.
  • L’interdiction de la détention d’orques ou de dauphins dans les delphinariums à des fins de spectacles. En effet, depuis 2022 les spectacles d’orques sont interdits en France.
  • Incitation envers les structures accueillant les espèces sauvages à améliorer la qualité de vie de leurs pensionnaires non humains en instaurant des normes spécifiques pour chaque animal.

Malgré ces quelques mesures prises afin d’assurer notre cohabitation avec la faune, il reste néanmoins beaucoup de chemin à parcourir avant que celle-ci retrouve son équilibre dans les écosystèmes.

Pour aller plus loin que la simple journée mondiale des animaux

Adopter des gestes simples au quotidien

Tu partages ta vie avec des petites boules de poils ? Voici quelques gestes simples à réaliser à la maison, pour mieux préserver la planète et les animaux :

  • A moins de pouvoir assumer seule-e une portée, stérilise tes animaux !
  • Choisis pour ton chat des litières végétales plutôt que minérales car elles sont biodégradables ;
  • Ramasse et jette les excréments dans un sac biodégradable, ou un compost (si tu sais comment faire du compost à partir de déjections animales) :
  • Choisis une alimentation adaptée à son espèce : un chat est strictement carnivore, un chien peut consommer des végétaux. Attention tout de même aux plantes qui leur sont toxiques ! Si tu optes pour des croquettes, prends soin de vérifier leur composition (petit guide pratique pour bien choisir ses croquettes). Un animal qui mange sainement est un animal en meilleure santé, et par la même occasion, un animal qui aura moins besoin de médicaments 😉
  • Tu es témoin de violence ou de maltraitance animale ? Tu trouveras sur le site officiel de l’administration française de nombreuses ressources pour signaler une maltraitance animale.
Photo d'un chaton

Crédit photo : Edgar depuis Unsplash

Il t’arrive de croiser des animaux morts pendant tes ballades ? Il existe une appli qui permet de signaler la présence d’un animal mort sur la route : Mamroute, dont l’objectif est de mieux comprendre l’impact du trafic routier sur notre environnement.

Tu peux choisir d’adopter un animal dans un refuge :

Rejoindre une association

Pourquoi ne pas devenir un peu plus militant ?

Copernic et Galilée ont osé remettre en question le dogme de la Terre plate au centre de l’univers, et ont failli perdre leur vie. De la même manière, les objecteurs au dogme de la croissance, qui questionnent la pérennité de nos modes de consommation, connaissent le même mépris. Il en découle alors une inertie au changement, empêchant toute réflexion critique sur notre rapport au vivant. Peut-être que cette journée mondiale des animaux nous permettra d’y voir plus clair et d’adopter des gestes plus respectueux des animaux, humains comme non humains. En attendant que les lois changent… pourquoi ne pas démarrer ta transition alimentaire ?

Si l'envie te prend de rejoindre la discussion, viens nous dire hello sur Discord et sur nos groupes Facebook privés : Santé et Nutrition, Environnement, Cuisine et Éthique et bien-être animal.

[Crédit photo de couverture : Jf Brou depuis Unsplash]

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