Liste plantes phyto-œstrogènes : quel danger ?

par | 14 Déc 2021 | Etudes & Informations, Nutrition | 0 commentaires

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Cristelle de GoodSesame
Cristelle de GoodSesame
Content Designer et responsable éditoriale chez GoodSesame

Les phyto-œstrogènes contenus dans nos aliments, notamment dans les légumineuses, fruits et céréales, permettent à ces plantes de se défendre contre les agressions environnantes. Bien que leurs rôles chez les végétaux soient nettement définis, leurs effets sur la consommation humaine le sont beaucoup moins.

Que sont les phyto-œstrogènes ?

Les phyto-estrogènes sont définis par leur capacité à induire in vivo des effets comparables à ceux des œstrogènes animaux. Ces effets sont liés à leur capacité à se fixer aux récepteurs des œstrogènes, du fait de leur analogie structurale avec ces composés.

Au cours des dix dernières années, plus de 300 substances naturelles et 600 plantes ont été décrites comme capables de se lier aux récepteurs des œstrogènes (1).

Les phyto-estrogènes comportent essentiellement les isoflavones, retrouvées en quantité importante dans le soja et les produits dérivés, et les lignanes, présents en plus faible quantité dans nos aliments : fruits, légumes, céréales et graines oléagineuses. D’autres molécules existent comme les coumestanes (trèfle et luzerne), qui ne font pas partie de l’alimentation humaine mais se retrouvent dans des compléments alimentaires (1).

Système endocrinien

Le système endocrinien, ou système hormonal, est l’ensemble des organes qui sécrètent des hormones. Il libère des médiateurs chimiques dans le sang afin d’agir à distance sur de multiples organes. Le système endocrinien agit notamment sur de grandes fonctions de l’organisme comme la croissance, le métabolisme ou le développement sexuel.

Les perturbateurs endocriniens viennent justement entraver cette communication entre les hormones et les organes. Les phyto-estrogènes ont été associés à des problématiques de perturbation endocrinienne. Ils se caractérisent ainsi par un effet potentiellement toxique, via les modifications physiologiques qu’ils engendrent.

Isoflavones et soja

Le soja et ses produits dérivés, contiennent des isoflavones telles que la génistéïne, la daidzéïne et la glycétéïne. Les isoflavones sont des composés naturels des plantes, qui font partie des polyphénols, présents dans tous les végétaux. Les polyphénols aident les plantes à se défendre contre les attaques de bactéries ou virus. Les polyphénols prennent une importance croissante, notamment grâce à leurs effets bénéfiques sur la santé. En effet, leur rôle d’antioxydant naturel suscite un intérêt croissant pour la prévention et le traitement de diverses maladies.

Légumineuse riche en protéines et prisée des végétariens, le soja fait débat du fait de sa composition en phyto-œstrogènes. En effet, la consommation d’isoflavones a été associée à une diminution du risque de cancers liés aux hormones (2, 3). Néanmoins, certains doutes subsistent quant à l’efficacité de la réduction du risque cardiovasculaire ou les propriétés favorisant le cancer du sein.

Les isoflavones sont également associés à des effets positifs sur les irrégularités menstruelles chez les femmes non ménopausées. Également sur le soulagement des symptômes de la ménopause chez les femmes d’âge moyen (2, 3). Mais là encore, les résultats ne sont pas homogènes.

Quels sont les effets des phyto-œstrogènes ?

Le rapport de l’AFSSA (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments) de 2005, attire l’attention sur le risque que pourraient encourir les femmes présentant une tumeur hormonodépendante et les jeunes enfants exposés in utero, ou dans les premiers mois de leur vie, à des doses élevées de phyto-estrogènes. En effet, une telle exposition peut être accompagnée de troubles du développement des organes sexuels et de leur maturité (1).

Des inconnues persistent tout de même. La toxicité potentielle des isoflavones n’est pas suffisamment documentée pour un usage chez l’Homme. En particulier lorsque celle-ci dépasse le seuil de consommation journalier recommandé. Par ailleurs, la biodisponibilité des phyto-estrogènes, c’est-à-dire la proportion dans laquelle ils atteignent la circulation sanguine sous forme inchangée, est mal connue (1). De même que les différences observées à l’égard de ce paramètre entre les rats, utilisés dans de nombreuses études sur les phyto-estrogènes, et l’homme sont encore à approfondir.

Conclusion

En France, à la suite du rapport de l’AFSSA, et bien que les études disponibles confirment la non-toxicité des isoflavones, il est suggéré de limiter l’apport journalier d’isoflavones à 1 mg par kilogramme de poids corporel. L’AFFSA, aujourd’hui connu sous le nom de Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), met en garde contre l’usage de préparations à base de soja avant l’âge de 3 ans, compte-tenu de sa teneur élevée en phyto-œstrogènes. Dans d’autres pays, cette prévention à l’égard des produits destinés aux enfants à base de soja n’existe pas.

Les études plus récentes ne montrent pas de réticence à la consommation d’isoflavones, bien au contraire (2, 3, 4). Le potentiel toxique des isoflavones s’en trouvent donc assez limité au vu des dernières études. Le sujet de l’impact des phyto-œstrogènes sur la santé humaine continue néanmoins d’être exploré.

Si le sujet des phyto-œstrogènes ne fait pas débat pour toi, n’hésite pas à consulter nos recettes à base de tempeh et de tofu 😉

 


  1. afssa. (2005, mars). Sécurité et bénéfices des phyto-estrogènes apportés par l’alimentation – Recommandations. https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT-Ra-Phytoestrogenes.pdf
  2. Pabich, M., & Materska, M. (2019). Biological Effect of Soy Isoflavones in the Prevention of Civilization Diseases. Nutrients, 11(7), 1660. https://doi.org/10.3390/nu11071660
  3. Kim, I. S. (2021). Current Perspectives on the Beneficial Effects of Soybean Isoflavones and Their Metabolites for Humans. Antioxidants, 10(7), 1064. https://doi.org/10.3390/antiox10071064
  4. Hamilton-Reeves, J. M., Vazquez, G., Duval, S. J., Phipps, W. R., Kurzer, M. S., & Messina, M. J. (2010). Clinical studies show no effects of soy protein or isoflavones on reproductive hormones in men : results of a meta-analysis. Fertility and Sterility, 94(3), 997‑1007. https://doi.org/10.1016/j.fertnstert.2009.04.038

Crédit photo de couverture : Mae Mu sur Unsplash.

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