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Cristelle de GoodSesame
Cristelle de GoodSesame
Content Designer et responsable éditoriale chez GoodSesame

Les injonctions à manger local et de saison fleurissent, pourtant il n’est pas toujours évident de faire ses choix au marché. En tant que consommateur averti, soucieux de ton bien-être et de l’environnement, tu as déjà dû te demander si manger de la banane de saison (en Martinique) au mois de décembre avait du sens en métropole. Ou bien encore, te demander quel était ton impact environnemental quand tu achètes en novembre des fraises cultivées sous serre en Espagne. Et à partir de combien de kilomètres sort-on du local ? Est-ce que manger de saison ou consommer local riment toujours avec manger sain ? Est-ce que ça ne va pas finir par coûter un bras et demi ?

Pour te permettre d’y voir un peu plus clair, on répond à toutes ces questions dans l’article. À ton avis, faut-il manger local ou de saison ?

Le meilleur goût : manger local ou de saison ?

Plus un fruit ou un légume reste exposé au soleil (sur sa branche ou en terre), plus il développe ses arômes. C’est pourquoi les fruits sont plus sucrés lorsqu’ils sont cueillis à maturité ; c’est aussi ce temps de développement qui va donner du goût à ta tomate. Au contraire, un légume cueilli plus tôt pour qu’il mûrisse au cours du transport sera fade voire insipide.

Sans aucun doute, les fruits et légumes de saison sont plus savoureux. Mais ! Les fruits et légumes locaux ne sont pas en reste ; puisqu’ils n’ont pas de transport à subir, ils sont en général cueillis à maturité.

> Conclusion : Égalité pour les fruits et légumes locaux et de saison. N’importe quel fruit ou légume a meilleur goût lorsqu’il a été récolté au bon moment.

Le moins cher : acheter local ou de saison ?

Quand on achète des produits régionaux (ou nationaux) on fait sauter les coûts liés au transport, au stockage et à la part des intermédiaires (dont le distributeur)… mais seulement si l’on opte pour l’achat en direct chez le producteur.

Pour ce qui est des économies faites en consommant de saison : c’est clairement plus avantageux. On se rend rarement compte de l’énergie nécessaire au chauffage des serres de culture hors saison ; c’est un coût énorme qui est nécessairement répercuté sur le prix de vente. Par exemple, la tomate : dans le Sud de la France, elle est récoltée dès le mois de juin. C’est à ce moment-là que son prix commence à baisser. Dès la mi-août, son prix est au plus bas car l’abondance des récoltes, même en bio, fait chuter les prix du marché.

La petite astuce : se référer au calendrier des fruits et légumes de saison pour repérer les périodes d’abondance (généralement à la mi-saison) pour acheter du bio en grande quantité et préparer des conserves maison pour l’hiver. Ainsi, même les plus petits budgets peuvent manger bio !

Un autre levier pour faire des économies : éviter le gaspillage alimentaire. En achetant moins, mais de meilleure qualité (de saison, local et agriculture non industrielle) on y gagne tout en dépensant autant. D’ailleurs, une appli comme GoodSesame peut t’aider à organiser des courses à l’avance pour éviter de jeter de la nourriture 😉

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> Conclusion : Égalité pour les fruits et légumes locaux et de saison. Manger local et de saison permet de faire le plus d’économies.

Le moins de pesticides : choisir local ou de saison ?

Les végétaux qui poussent naturellement en saison ont beaucoup moins besoin d’engrais chimiques et de nutriments de synthèse. Par opposition, les fruits et légumes retrouvés hors saison sur les étals proviennent bien souvent d’une culture sous serre, où ils ont été traités chimiquement pour pouvoir pousser. Quand ils ne proviennent tout simplement pas de l’autre bout du monde, comme la fameuse banane martiniquaise que l’on retrouve toute l’année à Paris.

Par ailleurs, manger local ne veut pas dire consommer sans pesticides. Un producteur local en conventionnel n’obéit à aucun cahier des charges contraignant, et peut faire appel aux produits phytosanitaires dans la limite prévue par la loi. Ce n’est pas parce qu’elle est locale que cette agriculture conventionnelle ne pollue pas les territoires (et ton corps).

Pour soutenir les producteurs soucieux de la qualité de nos sols et à leur régénération, il vaut mieux privilégier les productions en permaculture, en bio ou en raisonné.

> Conclusion : Les fruits et légumes de saison (bio, raisonné, ou non) contiennent généralement moins de pesticides. Manger local n’offre aucune garantie en la matière.

Le meilleur choix pour la santé : manger local ou de saison ?

En matière de santé, manger de saison n’a que des avantages :

  • Les fruits et légumes de saison sont plus riches en antioxydants. Ces molécules luttent contre les agressions ciblant nos cellules : le tabac, le stress, la pollution etc. Les végétaux produisent également des antioxydants pour se défendre contre des agressions externes, comme le soleil, les insectes, etc. En présence de pesticides, les végétaux n’ont plus d’utilité à produire ces antioxydants pour se protéger, puisque les pesticides le font à leur place.
  • Les fruits et légumes de saison contiennent tout ce dont tu as besoin à ce moment-là. Notre appétit en hiver augmente car notre corps a besoin de plus de nutriments pour résister au froid. Les fruits et légumes sont très riches en nutriments pendant cette saison (choux, épinards, poireaux…). Alors qu’en été on perd beaucoup d’eau, on a alors à disposition des végétaux particulièrement hydratants : melon, pastèque, tomate…

Conclusion : Manger des fruits et légumes de saison (bio, raisonné, ou non) apporte nettement plus de nutriments que de manger seulement local.

Le bilan carbone le plus faible : manger local ou de saison ?

Faire pousser des végétaux hors de leur saison n’est pas un processus naturel ; une importante quantité d’énergies fossiles est alors utilisée pour chauffer les serres. La conséquence est nette : le chauffage et les traitements chimiques sans lesquels ces plantes pousseraient difficilement font grimper le bilan carbone.

“Une tomate produite en France sous serre chauffée émet huit fois plus de gaz à effet de serre qu’une tomate cultivée en France en saison, et quatre fois plus qu’une tomate importée d’Espagne.”

Olivier Roellinger, Chef étoilé pour Libération.

La question du transport (bateau, avion)

Les énergies fossiles sont largement utilisées pour le transport, la conservation et les emballages nécessaires à la préservation des aliments. Mais, contrairement à ce qu’on pourrait croire, le transport n’est pas le plus gros poste d’émissions carbone ! Au cours du cycle de vie d’un produit, le transport représente rarement plus de 10 % des gaz à effet de serre générés. C’est essentiellement la production qui concentre les émissions de gaz à effet de serre.

Les émissions de gaz à effet de serre dans l'alimentaire

Nuance : le transport en bateau est très peu émetteur de GES, mais le transport par avion l’est 50 fois plus ! Attention avant d’acheter des roses produites au Kenya transportées par avion (car fragiles).

La question du mode de production

Comme évoqué précédemment, c’est le mode de production qui est déterminant dans le bilan carbone. Il existe de nombreuses productions locales qui poussent sous serre chauffée : les tomates et les fraises françaises en hiver sont une aberration.

Instant choquant : en début de saison, la plupart des fraises françaises sont cultivées sous serre. Comment c’est possible ? Pour qu’elle soit vendue dès les premiers jours de sa saison, la fraise a dû être plantée légèrement plus tôt que sa période de semis idéale. Quand on sait que les cultures sous serre peuvent consommer jusqu’à 100 fois plus d’énergie que la culture à ciel ouvert… ça fait réfléchir. À ce titre, les fraises importées d’Espagne au même moment sont probablement moins polluantes, pour la simple raison qu’il fait naturellement plus chaud en Espagne. Le climat espagnol ne rend pas le chauffage des serres nécessaire.

La seule solution est de choisir des pratiques agricoles alternatives, plus respectueuses des sols et rivières. Choisir bio ou raisonné, c’est donc la seule façon de choisir un produit issu de méthodes de production plus respectueuses de l’environnement, des animaux et des hommes. N’oublie pas de demander à tes maraîchers s’ils travaillent avec ou sans intrants chimiques : l’obtention d’un label bio est coûteux, et beaucoup de producteurs ont des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement sans toutefois avoir ce label.

> Conclusion : Manger des fruits et légumes de saison apparaît plus bénéfique pour la planète que de manger des produits locaux. Le critère de la saisonnalité prime donc sur celui de la localité, même si l’idéal en matière d’environnement est de se tourner vers des producteurs aux méthodes non conventionnelles.

Bon… cette bataille n’est-elle pas un peu idiote ? Les limites de la démarche

On s’aperçoit que l’opposition entre le local et le saisonnier est assez stérile. Manger de saison et local, ça va souvent de pair ! L’idéal, c’est de combiner les meilleurs comportements d’achat : 

  • méthodes de production non conventionnelles (bio, raisonné, permaculturel, polyculture élevage…) et éviter les monocultures qui ravagent les sols
  • de saison
  • local

Adapter ses attentes aux rythmes biologiques

Aux premiers rayons de soleil du mois de mars, on songe déjà à notre plat de tomates-mozzarella. Eh bien, c’est une erreur ! Le mois de mars est celui où l’on commence tout juste à les planter. Pour que notre consommation devienne plus saine et durable, nous devrions peut-être apprendre la patience… Mais cet effort ne doit pas être un supplice.

Pour commencer, cultivons-nous ! Apprenons à reconnaître les fruits et légumes qui poussent naturellement sur nos territoires, et leurs périodes de récolte. Sans effort pédagogique, point de salut. Alors partage tes connaissances autour de toi et fais germer les bonnes habitudes 🙂

Nous avons déjà consacré un article aux bénéfices de la consommation de fruits & légumes de saison : tu y trouveras tout ce dont tu as besoin sur le sujet !

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[Crédit photo de couverture : Raul Gonzalez Escobar sur Unsplash]

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