L’huile de coco bio, un choix sain et éco-responsable ?

par | 29 Oct 2021 | Déclin de la biodiversité, Éthique & Environnement, Petits producteurs | 0 commentaires

13 min de lecture

Cristelle de GoodSesame
Cristelle de GoodSesame
Content Designer et responsable éditoriale chez GoodSesame

La noix de coco est consommée dans les climats tropicaux depuis des milliers d’années. Mais ces dernières années, nos contrées occidentales ont découvert les prétendus bienfaits de ce fruit aussi polyvalent que savoureux, notamment par le biais de célébrités et d’influenceurs. L’huile de noix de coco bio est notamment privilégiée par des consommateurs suivant des régimes sans lactose, végétaliens et paléo.

Parmi les vertus santé attribuées à l’huile de coco : sa contribution au contrôle des fringales sucrées, du poids ainsi que sa capacité à soulager l’indigestion et à stimuler le métabolisme. En cosmétique maison, l’huile de coco bio aiderait la peau à conserver son élasticité et favoriserait la santé bucco-dentaire.

Mais que se cache-t-il derrière cette hype ? Quelles sont les conditions de production de la noix de coco ? Finalement, consommer de l’huile de coco (bio ou pas) en Occident est-il un geste responsable ?

Au sommaire

  1. Pourquoi consomme-t-on autant d’huile de coco ?
  2. Les critiques envers les huiles de coco bio et raffinées
  3. Consommer de l’huile de coco bio, c’est bon pour la planète ?
  4. L’aspect social de la culture de coco : les producteurs sont-ils exploités ?
  5. 5 conseils simples pour acheter de l’huile de coco de manière responsable

Pourquoi consomme-t-on autant d’huile de coco ?

Des propriétés anti-inflammatoires

L’inflammation chronique est une composante majeure de nombreuses affections cutanées, comme le psoriasis ou l’eczéma. Il est alors intéressant de noter que l’huile de coco a des propriétés anti-inflammatoires, notamment grâce à ses composés phénoliques.

Au cours d’une étude [1], des chercheurs ont appliqué de l’huile de coco vierge sur les oreilles enflammées de rats. Elle a non seulement permis de soulager leur douleur, mais aussi prouvé son effet anti-inflammatoire.

Très prisée en cosmétique, elle s’avère également être un excellent hydratant lorsqu’elle est appliquée sur la peau [2].

L’huile de coco fait maigrir en réduisant la sensation de faim

Il existe une croyance selon laquelle l’huile de coco serait bénéfique pour la perte de poids en augmentant le sentiment de satiété. Cette croyance est fondée sur le fait que les huiles de coco contiennent des triglycérides à chaîne moyenne (TCM).

Les TCM sont métabolisés différemment des triglycérides à longue chaîne (TCL). En effet, 95% des TCM sont rapidement utilisés comme source d’énergie, comme le sucre [3]. Ainsi, les TCM sont moins susceptibles d’être stockés sous forme de graisse.

Flairant le bon filon, des industriels ont mis sur le marché de l’huile de TCM extraite de la coco, composée exclusivement de ces TCM – alors que l’huile de coco brute n’en contient que 50%. Par conséquent, les résultats des études sur les effets des TCM sur la perte de poids ne doivent pas être extrapolés à l’huile de coco brute [4].

C’est bon pour les dents

Grâce à ses propriétés antibactériennes, l’huile de coco a la réputation de contribuer à la bonne santé bucco-dentaire. Une étude [5] conclut que l’utilisation de l’huile de coco en bain de bouche peut aider à réduire les infections buccales. Il est toutefois important de noter que les études (et les preuves) sont rares sur le sujet.

Les critiques envers les huiles de coco bio et raffinées

L’huile de coco est extraite de la chair de la noix de coco. Particulièrement appréciée dans la cuisine végétalienne, elle peut remplacer le beurre en pâtisserie. Son point de fumée élevé en fait une huile saine pour la cuisson, et sa longue conservation rend son utilisation pratique en cosmétique.

En savoir plus sur le point de fumée : Quelles huiles pour la cuisson ?

Malgré ses qualités indéniables, l’huile de noix de coco suscite des controverses en matière de santé en raison de sa composition nutritionnelle.

Une très forte teneur en acides acides gras saturés

Composée à près de 90% de graisses saturées, certains experts en nutrition rechignent à qualifier l’huile de coco – même bio – comme un aliment santé. La plupart des autorités sanitaires, l’ANSES compris, recommandent de limiter la consommation de graisses saturées à cause de leur implication dans l’augmentation du cholestérol LDL (le “mauvais” cholestérol).

En effet, il existe plusieurs types de graisses saturées, classées en fonction de leur structure moléculaire. Environ 50% des graisses saturées contenues dans l’huile de coco sont composées d’acide laurique, un triglycéride suspecté d’augmenter les taux de cholestérol.

Donc l’huile de coco, c’est mauvais pour le cœur ? Pas si simple…

Paradoxalement, il y existe très peu de preuves démontrant les effets néfastes de l’huile de coco pour le cœur. Certaines études démontrent même le contraire : Une étude [6] a comparé les effets du beurre, de la graisse de coco et de l’huile de carthame sur les niveaux de cholestérol. Elle a ainsi révélé que l’huile de coco réduisait efficacement le “mauvais” cholestérol LDL et les triglycérides, tout en augmentant le « bon » cholestérol LDL.

Consommer de l’huile de coco bio, c’est bon pour la planète ?

Aujourd’hui, peu d’entre nous ignorent les dégâts environnementaux de la culture de palme. Elle a tristement conduit au déboisement de l’Asie du Sud-Est et à la quasi extinction des orangs-outans. Mais ces dernières années, l’huile de coco bio nous a été présentée comme la solution miracle pour consommer la conscience tranquille.

La bonne nouvelle c’est qu’en général, l’impact environnemental de la culture de coco est très modéré. Elle ne nécessite ni pesticides, ni herbicides, et les noix de coco sont récoltées à la main plutôt que par un tracteur géant. Jusqu’ici tout va bien… Mais, il y a un mais ! Les effets de l’agriculture industrialisée de nos mondes modernes ne sont pas simples à évaluer.

Alors que de nouvelles études voient le jour, cette image d’Epinal de la culture de coco pourrait bien être remise en question.

La production d’huile de coco non bio détruit les écosystèmes

Alors que la demande d’huile de coco et d’eau de coco a grimpé en flèche, les mangroves côtières, qui sont des écosystèmes essentiels pour les animaux en leur offrant une protection naturelle contre les tempêtes, sont défrichées pour les monocultures de cette noix. Ces cultures appauvrissent la biodiversité locale, épuisent les sols et nécessitent un apport intensif d’engrais. Certes, l’impact est moindre que celui de la culture de palme, mais tout de même notable.

Il existe pourtant un mode de culture traditionnel et biologique, qui met moins de pression sur les écosystèmes. Il a aussi l’avantage d’être naturellement moins coûteux pour les producteurs. Mais l’ironie, c’est que la culture conventionnelle est devenue plus rentable, notamment au Sri Lanka, où le gouvernement subventionne massivement les engrais chimiques. Question de rendement… on connaît la chanson.

Le cas de l’huile de coco raffinée (spoiler : ça vaut aussi pour le bio)

Après la production vient le traitement. Es-tu gêné par le goût de coco de l’huile extra vierge ? Lis attentivement ce qui suit !

De nombreuses marques d’huile de coco bio désodorisées sont raffinées à l’aide d’équipements très poussés. Les noix de coco sont transformées en morceaux appelés coprah, qui sont ensuite expédiés vers une usine afin d’en extraire l’huile. Le résultat donne une huile brune pas très appétissante. C’est à ce moment que l’huile est raffinée, blanchie et désodorisée, souvent en utilisant des produits chimiques comme l’hexane, un neurotoxique et polluant atmosphérique dangereux.

Es-tu toujours convaincu que l’huile de coco bio ne met pas en danger les écosystèmes ? Tu as raison, en partie 🙂

Les bonus environnementaux de l’huile de coco bio

  1. Les noix de coco sont généralement cultivées par de petits agriculteurs qui ont plus tendance à mélanger la noix de coco avec des cultures comme le café, le cacao et la banane. Cette pratique de polyculture maintient le sol sain et riche en nutriments.
  2. La coco est résistante lorsqu’elle est cultivée de manière durable. Ce mode de culture ne nécessite alors que peu de pesticides, de fongicides ou d’engrais. Un cocotier peut donner des fruits pendant 60 ans !
  3. La récolte des noix de coco se fait à la main. Les machines industrielles lourdes sont généralement écartées du processus de récolte.
  4. Tout est bon dans la coco :
    • Son eau est délicieuse, bourrée de nutriments et très peu sucrée ;
    • La sève de cocotier permet de créer un édulcorant naturel, le fameux sucre de fleur de coco ;
    • Le bois de l’arbre peut être utilisé dans la construction ;
    • Les cosses permettent de fabriquer des cordes, des matelas ou des sièges auto ;
    • La forme brute de l’huile peut entrer dans la composition de produits d’entretien écologiques ;
    • La chair de la noix se consomme de multiples manières : gâteaux, pâtisseries, muesli, etc.

Les malus environnementaux de l’huile de coco bio

  1. Acheter local est un acte qui permet généralement de réduire notre empreinte carbone… mais l’huile de coco (bio ou non) voyage généralement depuis l’Asie du Sud-Est, produisant ainsi des émissions carbone à cause du transport.
  2. La demande d’huile de coco dépasse largement l’offre. Pour y répondre, les gouvernements de certains pays asiatiques commencent à défricher davantage de terres pour sa production. Avec pour conséquences :
    • Un augmentation des pratiques monoculturelles, appauvrissant les sols en réduisant le nombre de nutriments qui y sont présents ;
    • Une utilisation accrue de pesticides, de fongicides et d’engrais, nécessaires justement parce que les sols sont appauvris et les écosystèmes dégradés.
  3. Des produits toxiques sont parfois utilisés dans les processus de raffinage et de désodorisation de l’huile de coco (bio et conventionnelle). Ces substances chimiques sont potentiellement dangereuses pour l’environnement.

L’aspect social de la culture de coco : les producteurs sont-ils exploités ?

Plus de 75 % de l’huile de coco dans le monde provient de régions reculées des Philippines, d’Indonésie et d’Inde, et près de 95% de la production est réalisée dans de petites exploitations.

Une rémunération ​​des petits producteurs injuste

De nombreux agriculteurs vendent à des intermédiaires qui ne les rémunèrent pas assez. Ils sont donc souvent incapables d’investir dans leurs exploitations ou d’améliorer leurs pratiques agricoles.

Aux Philippines, environ 40 à 60% des producteurs de noix de coco vivent dans la pauvreté, gagnant un peu plus d’un dollar par jour.

L’impact social de la pauvreté des producteurs

Les agriculteurs à faible revenu subissent de nombreuses conséquences :

  • La pauvreté encourage le travail des enfants ;
  • Ils ont des difficultés à rémunérer leurs employés ;
  • Faute de moyens, ils manquent souvent de formation à l’application correcte des pesticides ;
  • Ils travaillent dans de conditions dangereuses, parfois même sans équipement de sécurité approprié ;
  • Ces producteurs subissent les aléas du marchés : vulnérabilité aux catastrophes naturelles, aux mauvaises récoltes et aux krachs boursiers.

5 conseils simples pour acheter de l’huile de coco de manière responsable

D’un point de vue santé, on te conseille clairement de choisir une huile de coco mécaniquement extraite (vierge), bio de préférence. Comme pour la plupart des huiles, choisir une huile vierge ou extra-vierge plutôt qu’une huile raffinée est toujours l’option la plus saine. Les huiles raffinées sont hautement transformées et, dans le cas de l’huile de coco, souvent blanchies et désodorisées.

En revanche, lorsqu’il s’agit de protéger au mieux notre environnement, les préconisations ne sont pas nécessairement les mêmes. Voici nos 5 conseils simples pour acheter de l’huile de coco responsable :

  1. Choisis ton huile de coco bio ;
  2. Cherche la certification commerce équitable ;
  3. Évite les emballages en plastique et privilégie les pots en verre ;
  4. Choisis la marque en fonction de son engagement en faveur du développement durable ;
  5. Achète ton huile auprès de petites entreprises et de coopératives. Les supermarchés réservent bien souvent des mauvais traitements à leurs fournisseurs (à ce sujet, nous te conseillons le récent reportage de la chaîne Arte, Hypermarchés, la chute de l’empire).

En conclusion

Bien que l’huile de coco bio ait fait ses preuves comme hydratant pour la peau et les cheveux, tu devrais néanmoins rester sceptique face à ses miraculeuses vertus santé. Si ton objectif est de protéger ton petit cœur, mieux vaut privilégier l’huile d’olive qui reste moins chère tout en maintenant une empreinte carbone moindre.

Toutefois, si tu optes pour l’huile de coco en remplacement du beurre, tu fais le bon choix. Les impacts environnemental et social de la culture de coco restent bien inférieurs à ceux de la palme lorsqu’elle est bio et équitable. Pour te guider dans les choix de marques, n’hésitez pas à consulter notre guide contre le greenwashing (et devenir un expert en repérage de blabla marketing).

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[Crédit photo de couverture : Towfiqu barbhuiya sur Unsplash]


Références

[1] Intahphuak S, Khonsung P, Panthong A. Anti-inflammatory, analgesic, and antipyretic activities of virgin coconut oil. Pharm Biol. 2010 Feb;48(2):151-7. doi: 10.3109/13880200903062614. PMID: 20645831. Source.

[2] Agero AL, Verallo-Rowell VM. A randomized double-blind controlled trial comparing extra virgin coconut oil with mineral oil as a moisturizer for mild to moderate xerosis. Dermatitis. 2004 Sep;15(3):109-16. doi: 10.2310/6620.2004.04006. PMID: 15724344. Source.

[3] Eyres, L., Eyres, M. F., Chisholm, A., & Brown, R. C. (2016). Coconut oil consumption and cardiovascular risk factors in humans. Nutrition reviews, 74(4), 267–280. https://doi.org/10.1093/nutrit/nuw002. Source.

[4] Kinsella R, Maher T, Clegg ME. Coconut oil has less satiating properties than medium chain triglyceride oil. Physiol Behav. 2017 Oct 1;179:422-426. doi: 10.1016/j.physbeh.2017.07.007. Epub 2017 Jul 6. PMID: 28689741. Source.

[5] Kaushik M, Reddy P, Sharma R, Udameshi P, Mehra N, Marwaha A. The Effect of Coconut Oil pulling on Streptococcus mutans Count in Saliva in Comparison with Chlorhexidine Mouthwash. J Contemp Dent Pract. 2016 Jan 1;17(1):38-41. doi: 10.5005/jp-journals-10024-1800. PMID: 27084861. Source.

[6] Cox, C., Sutherland, W., Mann, J. et al. Effects of dietary coconut oil, butter and safflower oil on plasma lipids, lipoproteins and lathosterol levels. Eur J Clin Nutr 52, 650–654 (1998). Source.

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