Tu as certainement déjà entendu parler du régime cétogène, aussi appelé Keto diet dans les pays anglosaxons. Ce régime a été initialement développé dans les années 1920 pour le traitement de l’épilepsie résistante aux médicaments. Mais il a depuis gagné en popularité en tant que régime pour la perte de poids, la gestion du diabète et d’autres avantages potentiels pour la santé. Ce régime, qui modifie radicalement la composition nutritionnelle de l’alimentation, peut-il réellement avoir un impact positif sur la santé cérébrale ? Quels sont les avantages potentiels du régime cétogène en ce qui concerne les troubles neurologiques tels que l’épilepsie, les migraines et les maladies neurodégénératives ?

Qu’est-ce que le régime cétogène ?

Le régime cétogène est une approche diététique utilisée chez les enfants, mais aussi chez les adultes. Il est prescrit par des médecins spécialisés, généralement des neurologues ou des neuropédiatres. Très strict et précisément calculé, il implique une réduction significative de la consommation de glucides et une augmentation importante de la consommation de graisses. En fait, la plupart des calories proviennent des graisses, atteignant parfois 70 à 90 % de l’apport énergétique total. Cela incite le foie à produire des substances appelées corps cétoniques, qui servent de source d’énergie alternative au glucose. Ces cétones peuvent fournir de l’énergie aux cellules du cerveau, des muscles et d’autres tissus. L’objectif est d’induire un état de cétose, un état métabolique qui se produit lorsque tu réduis considérablement ton apport en glucides. Dès lors, ton corps commence à utiliser les graisses comme principale source d’énergie.

Étant donné que les besoins énergétiques varient d’une personne à l’autre, le régime doit être adapté individuellement. Le suivi du régime cétogène est une démarche complexe qui nécessite l’implication de professionnels de la santé spécialisés et motivés, ainsi que des patients et de leurs familles.

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Composition et répartition nutritionnelle

Dans une alimentation normale et équilibrée :

• les protéines devraient constituer environ 10 à 12 % de ton apport énergétique total (ce que vous mangez en général) ;
• les graisses devraient être d’environ 30 à 35 % ;
• les glucides devraient représenter environ 50 à 55 %. Pour la plupart des gens, l’apport recommandé en protéines est d’environ 0,8 gramme par kilogramme de poids corporel par jour.

La composition idéale des graisses devrait inclure environ un quart d’acides gras saturés, la moitié d’acides gras monoinsaturés, et un quart d’acides gras polyinsaturés, dont certains sont essentiels, comme l’acide linoléique et l’acide alpha linolénique

Cependant, lorsqu’on suit un régime cétogène, la répartition de ces macronutriments est radicalement modifiée. Les lipides, ou graisses, représentent maintenant la majeure partie de l’apport énergétique total, soit entre 70 % et 90 %. Les protéines et les glucides ne représentent alors que 10 % à 30 %. La quantité de glucides est fortement réduite par rapport à une alimentation traditionnelle. Cela qui signifie que certains aliments comme le pain, les pâtes, les pommes de terre, le riz et les aliments sucrés ne sont plus autorisés pendant un régime cétogène. De plus, les médicaments contenant des excipients sucrés sont à éviter. Pour les enfants, cela peut signifier de devoir contrôler les sirops ou les médicaments sous forme liquide riches en sucre et les remplacer par d’autres formes ou spécialités médicamenteuses.

Peut-on traiter les troubles neurologiques grâce au régime cétogène ?

Tu souffres de migraines chroniques sévères ? On t’a diagnostiqué un déclin cognitif, une maladie d’Alzheimer, une épilepsie, un Parkinson ou une maladie de Charcot, et tu te demandes comment lutter au mieux contre la maladie ? Que faire en accompagnement des traitements classiques pour freiner son évolution et la combattre plus efficacement ? Le régime cétogène est là pour t’aider.

Pourquoi un tel régime aussi drastique ? Parce que ce type d’alimentation rééquilibre la biochimie cérébrale et permet de combattre l’inflammation, la douleur et la mort précoce des neurones.

L’alimentation cétogène n’est pas un régime miracle : c’est un mode alimentaire fondé sur des recherches scientifiques centenaires. Il constitue aujourd’hui sans doute l’une des meilleures stratégies contre les troubles et maladies qui touchent le cerveau :

• Elle protège les neurones et les fonctions cérébrales.
• Elle améliore le bien-être des malades et complète l’action des traitements classiques.
• Facile à mettre en œuvre, elle est sans danger.

Par ailleurs, des affirmations contradictoires circulent concernant les potentiels dangers du régime. Toutefois ces dangers sont souvent soit exagérés, soit à relativiser. En fin de compte, il est essentiel de considérer les avantages et les inconvénients de l’alimentation cétogène de manière éclairée et de travailler en étroite collaboration avec des professionnels de la santé pour déterminer si cette approche alimentaire est appropriée pour un individu spécifique.

Traitement de l’épilepsie

L’épilepsie est un trouble cérébral qui se caractérise par une prédisposition durable à générer des crises. On utilise cette définition si 2 crises non provoquées surviennent à plus de 24 heures d’intervalle. C’est la maladie neurologique chronique la plus fréquente après la migraine.

Le régime cétogène n’est pas une solution pour toutes les formes d’épilepsie chez les enfants, mais il semble être plus efficace pour certains types spécifiques de syndromes épileptiques. En d’autres termes, il fonctionne mieux dans certains cas.

L’efficacité de ce régime est principalement mesurée en observant la réduction de la fréquence des crises épileptiques. Cependant, il existe également d’autres signes positifs qui indiquent son efficacité, tels qu’une amélioration du comportement et de la capacité mentale. Les enfants atteints d’épilepsie qui suivent un régime cétogène ont montré une augmentation de l’attention, de la concentration, de la capacité à socialiser et des progrès scolaires.

Ces effets positifs, en particulier l’amélioration de la cognition et du comportement, peuvent découler de plusieurs facteurs. En plus de la réduction des crises d’épilepsie, la diminution de la prise de médicaments antiépileptiques joue également un rôle. Une étude (1) réalisée en 1992 sur 58 enfants atteints d’épilepsie résistante aux médicaments, qui étaient sous traitement avec plusieurs médicaments antiépileptiques en plus du régime cétogène, a mis en évidence ces effets positifs.

Est-il utile pour contrer les migraines ?

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Le régime cétogène peut réduire l’inflammation dans le corps, y compris l’inflammation neurologique. Les migraines sont souvent associées à des processus inflammatoires, et la réduction de l’inflammation peut contribuer à réduire la fréquence et la gravité des crises de migraine. En limitant la consommation de glucides, le régime cétogène peut aider à maintenir des niveaux de glucose sanguin stables. Les fluctuations de la glycémie sont un déclencheur fréquent des migraines, et le régime cétogène peut aider à éviter ces fluctuations (2). De plus, Le régime cétogène élimine de nombreux aliments qui sont des déclencheurs potentiels de migraines. Citons parmi eux les aliments riches en glucides raffinés, les aliments sucrés et certains additifs alimentaires. En évitant ces déclencheurs, le régime peut aider à réduire les migraines.

Le cas des maladies neurodégénératives

Les maladies neurodégénératives, telles que la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson et la sclérose latérale amyotrophique (SLA), sont des affections redoutables qui touchent le système nerveux, provoquant une détérioration progressive des fonctions cognitives et motrices. À ce jour, il n’existe pas de remèdes définitifs pour ces maladies. La recherche explore toutefois des approches prometteuses, dont le régime cétogène. Dans les maladies neurodégénératives, les cellules cérébrales ont souvent du mal à utiliser le glucose comme source d’énergie. Les cétones, produites pendant la cétose, peuvent fournir une alternative précieuse, donnant ainsi un coup de pouce énergétique au cerveau.

De plus, dans la maladie d’Alzheimer, des plaques amyloïdes se forment dans le cerveau. Les plaques amyloïdes, ou simplement « amyloïdes », sont des agrégats anormaux de protéines dans le cerveau. Ils  peuvent avoir plusieurs effets néfastes sur le cerveau : ils perturbent les signaux électrochimiques entre les neurones, ce qui peut entraîner une altération de la communication cérébrale. Cela peut se traduire par des problèmes de mémoire, de cognition et de coordination. De plus, la présence de plaques amyloïdes peut déclencher une réponse inflammatoire dans le cerveau.

L’inflammation chronique est un facteur de risque pour de nombreuses maladies neurodégénératives, car elle peut endommager davantage les cellules cérébrales. La formation de plaques amyloïdes est l’une des caractéristiques clés de la maladie d’Alzheimer, mais elle peut également être présente dans d’autres maladies neurodégénératives, comme la maladie de Parkinson. Des recherches suggèrent que le régime cétogène peut réduire la production de ces plaques. En effet,  plusieurs études (3) ont rapporté des améliorations de la mémoire, de la fonction cognitive et du comportement chez les patients atteints de maladies neurodégénératives sous régime cétogène.

Contre-indications du régime cétogène

Il est essentiel de noter que le régime cétogène ne convient pas à tout le monde et comporte des effets secondaires potentiels. Il doit être entrepris sous la supervision d’un professionnel de la santé et adapté aux besoins individuels.

Le régime cétogène peut être une approche alimentaire très efficace pour de nombreuses personnes. Notons toutefois l’existence de certaines maladies métaboliques pour lesquelles son utilisation peut être particulièrement risquée. Parmi ces affections figurent le déficit en carnitine, le déficit en carnitine palmitoyltransférase (CTP) 1 ou 2, le déficit en carnitine translocase, les déficits de la bêta-oxydation, et le déficit en pyruvate carboxylase. Il convient de souligner que le diabète de type 1 est une condition distincte qui nécessite une gestion spécifique de l’apport en glucides, de l’insuline et de la glycémie.

Bien que le régime cétogène puisse être utilisé sous la supervision d’un professionnel de la santé pour gérer le diabète de type 1 chez certaines personnes, il nécessite une surveillance et une planification précises. Il n’est donc généralement pas classé comme une maladie métabolique incompatible avec le régime cétogène. Toutefois, son utilisation nécessite une approche individualisée et une attention médicale rigoureuse.

Les maladies métaboliques incompatibles avec le régime cétogène

Cependant, ils existent certaines maladies métaboliques qui peuvent rendre son utilisation très dangereuse comme par exemple :

• Déficit en carnitine
• Déficit en carnitine palmitoyltransférase (CTP) 1 ou 2
• Déficit en carnitine translocase
• Déficits de la bêta oxydation
• Déficit en pyruvate carboxylase

De plus, les personnes ayant des antécédents de troubles de l’alimentation, tels que l’anorexie ou la boulimie, devraient éviter le régime cétogène. En effet, il peut exacerber des comportements alimentaires restrictifs ou malsains. Le régime cétogène peut augmenter la charge de travail des reins en raison de l’excrétion accrue d’acides cétoniques. De ce fait, les personnes atteintes de maladies rénales devraient éviter ce régime ou le suivre sous la supervision d’un professionnel de santé.

Les enfants en pleine croissance ont des besoins nutritionnels particuliers. Le régime cétogène strict peut ne pas fournir suffisamment de nutriments ; en raison de sa nature restrictive en glucides et riche en graisses, il peut rendre difficile la satisfaction de tous les besoins nutritionnels des enfants.

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Suivi et surveillance

Pour les personnes qui maintiennent un régime cétogène à long terme, il est essentiel de régulièrement réexaminer les avantages et les inconvénients de ce régime, de surveiller l’évolution de leur poids et de vérifier comment leur corps tolère ce mode alimentaire.

Les effets indésirables les plus fréquents sont les troubles gastro-intestinaux, c’est-à-dire diarrhée, constipation, vomissement et douleurs abdominales. Dans de rares cas, la pancréatite peut être présente chez certains patients. De plus, plusieurs personnes ressentent des symptômes spécifiques qui apparaissent généralement au cours des premiers jours à la première semaine de l’adoption du régime et peuvent durer une courte période. Ils comprennent souvent la fatigue, les maux de tête, des nausées, des étourdissements ainsi que des crampes musculaires.

Le suivi correspond à un bilan sanguin standard et les dosages des triglycérides et du cholestérol.

Les enfants qui reçoivent un traitement antiépileptique présentent un risque de déficit de vitamine D. En effet, certains médicaments antiépileptiques pouvent interférer avec le métabolisme de la vitamine D. Ils peuvent réduire l’absorption intestinale de la vitamine D ou augmenter sa dégradation, entraînant alors un déficit de vitamine D. Les médicaments antiépileptiques peuvent également réduire les niveaux de calcium, qui est essentiel pour une bonne absorption de cette vitamine. Alors, une mesure des taux de vitamine D et une supplémentation, si nécessaire, sont primordiales.

Conclusion

Le régime cétogène, bien qu’initialement développé pour le traitement de l’épilepsie résistante aux médicaments, a élargi son champ d’application. Il suscite désormais un intérêt croissant pour ses avantages potentiels sur la santé cérébrale. Les avantages du régime cétogène vont au-delà de la gestion de l’épilepsie ; ils touchent des affections telles que les migraines, les maladies neurodégénératives, la maladie d’Alzheimer, et bien d’autres.

Le régime cétogène peut aider à fournir une source d’énergie alternative au cerveau, réduire l’inflammation, stabiliser la glycémie, diminuer la production de plaques amyloïdes et améliorer la cognition. Il offre une lueur d’espoir pour de nombreuses personnes confrontées à des troubles cérébraux et des maladies neurodégénératives. Il vient en complément des traitements classiques afin d’améliorer la qualité de vie.

Cependant, il est crucial de noter que le régime cétogène ne convient pas à tout le monde. Certaines conditions médicales, antécédents de troubles de l’alimentation, maladies rénales et grossesse sont autant de situations qui nécessitent une prudence particulière ou la contre-indication du régime cétogène. La consultation d’un professionnel de la santé est essentielle avant d’entreprendre un tel régime, afin de garantir sa sécurité et son adéquation aux besoins individuels.

En fin de compte, le régime cétogène est un outil puissant, mais il doit être utilisé de manière réfléchie, sous surveillance médicale appropriée. La recherche se poursuit pour mieux comprendre ses applications potentielles et son impact sur la santé cérébrale. Pour ceux qui trouvent dans le régime cétogène un allié dans leur lutte contre les affections cérébrales, il peut représenter un espoir tangible de mieux-être et de gestion des symptômes.

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Sources 

1. Pinet, T. (1989). Le régime cétogène, une alternative thérapeutique dans les épilepsies pharmacorésistantes (Doctoral dissertation, UNIVERSITE DE LIMOGES).
2. Gazerani P. Migraine and Diet. Nutrients. 2020 Jun 3;12(6):1658. doi: 10.3390/nu12061658. PMID: 32503158; PMCID: PMC7352457.
3. Xu Y, Jiang C, Wu J, Liu P, Deng X, Zhang Y, Peng B, Zhu Y. Ketogenic diet ameliorates cognitive impairment and neuroinflammation in a mouse model of Alzheimer’s disease. CNS Neurosci Ther. 2022 Apr;28(4):580-592. doi: 10.1111/cns.13779. Epub 2021 Dec 10. PMID: 34889516; PMCID: PMC8928920.

Crédit photo de couverture : Noah Buscher sur Unsplash